Tourisme de masse VS tourisme d'élite
La tribune de Mr Trigano, le fils de Gilbert fondateur du Cub Med, dans le JDD est pour le moins surprenante. Il n'y parle pas de culture, mais d'argent. A l'heure ou la Sérénissime, sous mandat de protection, tente de redorer son blason, l'homme d'affaires soutient une seule position : continuer à prospérer, via la masse monétaire du plus grand nombre, quand on tente de protéger un patrimoine en danger. Il oppose maladroitement les riches des palaces avec la classe populaire, des campings, des croisières, des tours opérateurs. Ces derniers, friands de selfis au milieu de la place San Marco, dignes héritiers des Américains du "Grand Tour" seraient dans quelques années à même d'apprécier... ce qui restera de Venise. Par quel miracle ? La sensibilité à l'art n'est pas une question de pognon. Un Goldent Boy du Cipriani ne s'approche pas au plus près d'un Léonard comme le fait un plombier voyant ses travaux sur l'exhaure de l'eau, idem pour un soudeur et la boule de la lanterne du dôme de Florence. S'agissant du Duomo justement, un maçon saura apprécier la technique de Brunelleschi pour alléger la structure de l'édifice dont toute la Toscane est fière. Un monteur en bronze restera des heures devant la porte du Paradis de Ghiberti et un chaudronnier admirera les mobiles de Calder. Un tailleur de pierre et un marbrier seront plus près de Michel-Ange en visitant Carrare qu'un historien d'art, même s'il s'agit de Charles de Tolnay. Par ce biais ils goûteront aux chef-d'oeuvres entassés dans les musée, à condition de pouvoir... les voir. Cette proximité des gens du peuple avec l'art n'intéresse pas le capitalisme de masse. La culture n'intéresse pas le capitalisme de masse, le patrimoine n'intéresse pas le capitalisme de masse, voyez le projet d'u parc d'attraction près des ruines d'Angkor, seul l'argent intéresse le capitalisme. Airbus et les compagnies aériennes continueront d'entasser des voyageurs dans les avions, le croisiéristes à faire naviguer des paquebots géants, les guides à débiter leurs discours convenus et les hôtels à faire suer le burnous aux femmes de chambre.
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