Mes amours d'antan

Avant les chats, le méta-futurisme et l'art conceptuel, j'ai adoré la micro-informatique, je vendais des Apple II avec Visicalc en porte à porte avant l'implantation de la firme de Cupertino en France. Ensuite j'ai lâché prise, avant IBM, après Sanco, Sirius et d'autres marques disparues sans laisser de traces. Flottement pendant des années avant de réaliser des ouvrages hypermédia sur Léonard de Vinci, Michel-Ange et les Impresionnistes. Le support devait être le CD-Rom mais les premières liseuses E-Ink boulversèrent la donne. L'appareil semblait sexy et prometteur, je rêvais d'un mixte PSP / PRS 500 de Sony. Désenchantement. Il fallait attendre l'Ipad et Ibooks Author pour le support idéal, merci Steve pour un autre rêve. Seul dans ma niche impossible d'évangéliser le marché, pourtant Idboox et Actuallité me filèrent des coups de mains, mais l'échec s'accroche à mes basques comme l'or aux mains de Midas. Dans Challenges de cette semaine un journaliste désoeuvré, je présume, tente d'expliquer l'échec des Liseuses. Il s'y prend mal, comme tous ceux avant lui prenat un malin plaisir à nous expliquer pourquoi le papier fait la nique à l'encre électronique depuis son apparition. Il existe une tripartition ultra conservatrice : Auteur/Éditeur/Lecteur. Le premier pense pouvoir tout expliquer, faire ressentir avec les mots, à l'image du musicien avec les notes, du peintre avec le dessin et la couleur, on nage en plein Paragone.Il se fourent tous le doigt dans l'oeil, le maître mot : convergence. Convergence des arts, repli des égos. Le second joue avec les chiffres avant de jouer avec les mots, les phrases, les paragraphes, les chapitres, les couvertures. Prendre le risque de se mettre les libraires à dos l'effraie. Son truc avant tout reste le pognon, le talent est une machine à fric. Le troisième est un mouton, la nouveauté, la vraie pas celle du marketing, le fait sortir de ses gonds. Son conservatisme le rassure quand tout va trop vite. Pissarro réprouvait la vitesse de la locomotive, pourtant il s'aventura vers le pointillisme avnt de faire marche arrière. On possède tous une dose de ce truc pour nous protéger au cas où, dans nombre de circonstances, même si dans un domaine on ose au-delà du raisonnable. La liseuse n'apporte à cette tripartition aucune valeur ajoutée, quantitative ou qualitative. L'Ipad pouvait bouleverser les choses, la division livre du géant recruta des gens issus du papier, erreur fatale, il fallait des fous pour bousculer les auteurs et les éditeurs. Des mecs trempés dans une encre de couleurs, se foutant du papier comme du vinyle, lisant Dante en pestant de ne pouvoir entendre Bertran de Born. Un jour peut-être, en attendant je suis bien content de voir Farnçois d'Assise revenir au premier plan, même si sa récupération par les écolos m'écoeure un peu.

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