E-Codex première partie

Pour les 4 ou 5 samedis qui suivent je vous propose un des sujets qui me tient le plus à coeur : une nouvelle écriture pour e-codex. L'intégralité du texte pour les impatients est sur le site des Guides MAF.

"Une écriture pour E-codex

« Une toile finira par agir sur le regard, puis sur l'esprit, comme un tapis, sans avoir besoin d'autre sujet que celui d'une couleur et de ses développements; elle ne représentera rien que des tons : et déjà la musique se contente de s'appeler fugue, étude ou sonate, pour nous suggérer des choses que la littérature pourrait longuement raconter. » Gauguin

Liminaire
L’article ci-dessous n’a pas pour objectif de caractériser ce que pourrait être l’œuvre d’art totale (la Gesamtkunstwerk) dont les lignes, les pigments, les notes et les signes seraient une suite de bits. Non je tente « simplement » d’approcher une nouvelle écriture disponible pour les livrels et autres e-codex dont le médium est « l’encre électronique ». Pour la qualifier j’en suis venu après quelques lectures et commentaires à rejeter le terme multimédia au profit d’hypermédia. L’argument définitif, au moment M, est la définition qu’en donne le dictionnaire des Arts Médiatiques (Collection Esthétique Québec 1997) : Structure du même type que celle de l'hypertexte, mais dont les nœuds comportent, outre des informations textuelles, des informations visuelles et sonores.
Une autre raison me pousse à écarter un mot né dans les services marketing des fabricants de PC. Il s’agit de l’ambigüité dont il est chargé. Je m’explique. Pour l’homme d’image le multimédia est au service de celle-ci, pour l’homme des sons j’ai bien peur qu’il en soit de même, chacun privilégiant son domaine de prédilection. Je suis ou tente d’être un homme des mots mais j’écarte le dictat des lettres pour un primat. J’en suis même à rejeter l’hypertexte quand celui-ci rompt le lien d’une lecture que je veux linéaire. Mais ce n’est peut être pas toujours le cas.

Historicité d’un besoin
Malgré une consonance moderne, le concept sous-jacent à l’hypermédia n’est pas une nouveauté pour les écrivains. Spécialiste de la Renaissance je me bornerai aux artistes de cette époque pour illustrer les lignes en infra. Le premier d’entre eux, Dante, nous convie fréquemment à mieux appréhender la splendeur de son Paradis en écoutant des airs de musique sacrée, il utilise la sculpture aussi, transformant les parois des monts que le poète longe au Purgatoire en bas-relief. Nous sommes donc déjà invités par l’épigone de Virgile à une lecture multimédia tripartite qui par l’excitation d’un seul sens, le plus noble, la vue, met en branle notre imagination. Seul bémol, le lecteur doit faire preuve d’une culture musicale et picturale équivalente à celle de l’auteur, pour « écouter » et « voir » au fil des mots ce qu’il veut nous faire partager. Dans le cas contraire il engendre au mieux une frustration, à éliminer par une mise à niveau de nos connaissances, et au pire une indifférence à son message.
Les connaisseurs de Léonard de Vinci reconnaîtront là les prémisses du Paragone, fermons la parenthèse, mais nous reviendrons vite vers l’archétype du génie universel."

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