Bibliothèques et ardoise de lecture

Si la rumeur dit vrai le Kindle 2 sera présenté dans une bibliothèque.
Tout un symbole ? Je n’en sais rien, mais j’ai un faible pour les bibliothèques.
Que doivent faire celles-ci au regard d’une nouvelle version du livre ?
Si le rôle de la BNF pour la numérisation du fond public n'est pas remis en cause, heureusement, celui d'une bibliothèque prêteuse d'une ardoise de lecture peut sembler déplacé.
A Boulogne ce sont, normalement, les handicapés qui bénéficieront d'un tel service. A Angers ce sont les étudiants qui visiblement ont "accaparé" l'objet (voir : http://www.slideshare.net/dbourrion/st-raphael-abf-22-janvier-2009-presentation?type=presentation).
Nous sommes face à deux populations désavantagées, sommet d’un iceberg qui reste à explorer.
Hors le prix, un autre aspect peut être soulevé : la peur. Peur de la nouveauté, peur de la panne ou de la casse, peur de faire un mauvais choix etc. Je comprends par exemple qu'une bibliothèque déjà échaudée préfère une ardoise de marque au lieu de celle d'un importateur, qui dans un an ou deux ne sera peut-être plus là, alors imaginez un lecteur/acquéreur lambda qui n'y connaît rien. Entre E-Pub, BBeB, PDF, Mobipocket, ADE, qui sait de quoi l’on parle, faire la différence, éviter les pièges du DRM ? L'accompagnement pour l'appréhension de cette nouvelle technologie est donc la continuité des précédentes car tout public dans un premier temps est paumé, désorienté. N’allons pas chercher plus loin le succès du Kindle via Oprah Winfrey, elle rassure. Ces usagers en manque d’info valable, de confiance, sont la face caché de notre iceberg, prêts à entendre le discours d’un bibliothécaire qui n’est pas un marchand de soupe.
Pour les auteurs, la bibliothèque est aussi un partenaire de choix. Elle est à même de prendre le "risque" d'aller au-devant d'un "non public".
Je m'explique. Bruno Rive par exemple, j’ai l’élégance de ne pas citer mes guides ;-), a écrit un roman diffusé sous plusieurs formes (c’est plus simple évidemment) dont une qu'il qualifie d'enrichie. Plus chère elle risque de rester sans lecteur, sauf si les bibliothécaires voient dans ce nouveau type d'écriture une étape qualitative intéressante (ne faisons pas de survente en la qualifiant d'innovante), et la promeuvent. En gommant le risque (le delta entre la version la moins chère et la version enrichie), ils se distinguent en cela du libraire. Ni regret, ni remord pour l’emprunteur. Je ne rêve pas car une bibliothèque au bord d’un lac y travaille.
Nous devrions, nous auteurs, prendre plus de temps pour aider ces gens qui participent à la diffusion de la culture et de notre écriture.
Et pour terminer ce court billet je dirai qu’en temps de crise emprunter est un meilleur moyen pour les lecteurs de ne pas rester à la traîne, ils retrouveront peut-être le chemin de leur médiathèque si la « vitrine » de celle-ci leur offre ce qu’il y a de plus branché.

Commentaires

Anonyme a dit…
Je pense que vous soulevez de très bonnes questions. Les bibliothèques pourraient effectivement avoir un rôle de cobaye auprès des lecteurs pour la présentation, la promotion et le prêt des readers. Ainsi rassurés, ceux qui ont les moyens seraient peut-être tentés d'acquérir un e-book perso. Quant aux autres, ils ne seraient pas lésés pour autant et trouveraient en bibliothèque un nouvel outil, un nouveau service.

Mais attention à la force prodigieuse d'inertie des bibliothécaires ! S'il y a toujours le problème de moyens techniques et économiques, ne pas sous-estimer la frilosité des agents face à la nouveauté, surtout technologique ;-))

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