Normandie Impressionniste 2016 : Le Flop
1 800 000 visiteurs en 2013, 1 200 00 en 2016.... chercher l'erreur.
Un cabinet, Catherine Jabaly Conseil, pointe du doigt une mauvaise communication, une coordination pratiquement inexistante entre l’organisation du festival et les acteurs (notamment les musées, vaisseaux amiraux du festival), une relation presse par trop parisienne, un argent gaspillé par des intervenants loin d’être compétents et une équipe dirigeante défaillante.
Les chiffres de fréquentations sont-ils vraiment révélateurs ? L’édition 2016 coincide en partie avec l’Armada, un évènement hautement populaire. Récupérer quelques visiteurs de ce dernier, en bidonnant ou non les chiffres, était trop facile.
Si l’on revient aux comptages de 2010 (1 000 000) et 2016 il faut aussi tenir compte des années intermédiaires pendant les quelles Giverny draine entre 600 000 et 700 000 visiteurs. Les 3 musées amiraux, Rouen, Le Havre et Caen, avec une exposition phare annuelle, attirent entre 150 et 200 000 visiteurs.
On est pas très loin d’un million de visiteurs hors festival.
Qu’apporte celui-ci alors ? Pas grand chose visiblement. Pourquoi ?
First, la Normandie est impressionniste toute l’année et ce depuis 1874 et l’expo du boulevard des Capucines.
Hors, si elle revendique ce statut ce n’est pas par le biais des oeuvres sur son territoire ou des artistes natifs de la région, mais par ses motifs (la nature, les gens) et ses effets (la lumière, le caractère), et en cela Proust a mille fois raison d’évoquer, d’invoquer, un collectionneur Rouennais plus ému par la rivière peinte par Monet que par sa représentation sur une toile.
Secondement, l’Impressionnisme n’est pas seulement un mouvement pictural, il embrasse pratiquement tous les arts de la fin du 19e siècle. Le cloisonnement des manifestations nuit et nie cette donnée fondamentale. Imagine-t-on la Renaissance Italienne sans la littérature, la sculpture, l’architecture et la musique ?
Troisièmement, l’entre soi a atteint ses limites. Cette manifestation est avant tout régionale dans l’esprit et ses objectifs (sans parler des colloques universitaires dont personne n’entend parler justement et c’est bien dommage).
Où est le pognon ? À Paris et dans les pays occidentaux fans de l’Impressionnisme bien avant nous et peut-être encore plus fans que nous.
Et qui drague-t-on ? Les indigènes en priorité, à 50 % et un public français.
Quid des Anglais ? pourtant plus proches de Dieppe que les Parisiens ?
Des Américains ? pratiquement en terre conquise à Giverny.
Des Russes ? familiers de l’Impressionnisme via la collection Chtchoukine par exemple.
Des Japonais ?
Il sera intéressant de voir si la mission Normandie Attractivité prendra une part significative dans l'organisation des prochaines éditions ?
Elle devrait pouvoir déciller les yeux d'une organisation par trop franco-normande.
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