Une écriture improbable

J'y croyais dur comme fer, la numérisation permettrait aux auteurs, aux créatifs de s'exprimer autrement. De séduire un hypernaute voyageant de textes en images, d'images en musiques, de vidéos en jeux. Les réalisateurs de cet environnement hypermédia se bousculeraient au portillon pour abolir les limites des supports traditionnels au profit de l'écran, du haut-parleur.
Grave erreur !
L'auteur est un être conservateur, sectaire et en fait assez peu curieux. Son imagination est bridée et parcellaire. Il peut se projeter dans un futur hyper connecté etc. mais dans sa vie présente il redevient monsieur tout le monde et pour le moins misonéiste.
L'éditeur est un comptable avant tout. S'il rend public des ouvrages, il ne peut en être de sa poche éternellement. Pour lui un bon auteur est un auteur bankable, la prise de risque est calculée. Depuis Manuce et Giunti la règle est immuable, pour en changer elle doit s'avérer caduque et on y est pas. 
Le lecteur est un être somme toute moutonnier. Il n'est guère intéressé par les pépites du futur (Les Guides MAF par exemple ;-)), du passé (Les Chroniques de Froissart par exemple).
S'il a lu, vu ou écouter ce dont son entourage parle il est satisfait. Il n'a pas commis d'erreur, il n'a pas pris de risques inconsidérés.
Sa peur ?
Se retrouver seul  à être ébloui par une oeuvre inconnue des autres.