Hypermedia, killing application des E-books
Comment se faire entendre quand la planète est sourde ? Je pensais qu’il suffisait de parler juste avant de parler fort (Manifeste hypermédia). Je pensais qu’il suffisait de s’adresser à la sensibilité du lecteur, à son intelligence, pour qu’il comprenne que nous étions à l’aube d’une nouvelle renaissance (période marquée par le foisonnement des arts et le décloisonnement des esprits). Que nenni ! Qu’il soit doté d’un Il phone (de temps en temps) ou d’un e-reader le mec branché et plein aux as, tant pis pour les filles, se contente d’une simple translation du monde papier (avec parfois une perte de qualité merci RV) saupoudrée d’une intelligence tactile (slogan de Samsung) qui m’échappe (les pubards continuent à nous prendre pour des cons). Non, notre lecteur branché accepte n’importe quoi au nom de la techno pour rester branché. Les autres, la très grande majorité d’entre nous, sont dans une position de refus systématique aux motifs divers (argent, couleurs, odeurs, touché, culture) reflet d’une doxa qui de toutes façons marque nos sociétés depuis la nuit des temps. Ni les uns ni les autres n’adoptent une position critique, cartésienne, et se pose une question : que m’apporte cette technologie. Rien !
Rien si les auteurs ne s’accaparent pas ce nouveau support et ne fassent plier les ingénieurs. Souvent je cite Dante qui nous invite dans sa Divine comédie à écouter les Psaumes, souvent je cite Guillaume Dufay et la consécration du Dôme de Florence, je peux y ajouter les Estoires de Venise par Canal, je peux y ajouter Giotto etc. Mes compétences s’inscrivant entre les débuts du 15ème siècle et n’allant pas au-delà de 1569, année de la mort de M-A, je vous laisse le soin de trouver d’autres exemples où images, animées ou non, textes et musiques se mélangent aux mots pour former le socle de la culture.
S’enthousiasmer pour un écran tactile ou couleur, une connexion WiFi, un format e-pub, ou une nouvelle version d’ADE (écrite en Flash mais n’est pas foutue de lire un fichier MP3) c’est se faire le complice d’un industriel et non défendre la culture du livre qui avant d’être un support est une œuvre. Il ne viendrait à l’esprit de personne de tresser des louanges de la nouvelle version d’une machine d’imprimerie. La techno nous aveugle.
Les éditeurs ont raison. Il n’y a aucune raison pour le moment de supporter un support sans valeur ajoutée. Et cette dernière n’est point une valeur économique, mais culturelle, elle a pour nom hypermédia et pour objectif : une nouvelle écriture.
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