Waldo Emerson et le voyage
"C'est par manque de culture personnelle que la religion du Voyage, dont les idoles sont l'Italie, l'Angleterre et l'Egypte, exerce une telle fascination sur tout les Américains éduqués. Ceux qui rendirent l'Angleterre l'Italie ou la Grèce vénérables dans les imaginations le firent en restant là où ils étaient, faisant de cet endroit un axe de la Terre.... Je n'ai aucune hostilité contre les voyages, quand ils ont pour but l'art, l'étude ou la charité, dans la mesure où l'homme est alors éduqué et ne part pas à l'étranger dans l'espoir de trouver plus qu'il ne sait déjà... Je fais mes malles, j'embrasse mes amis, j'embarque et enfin je me réveille à Naples, pour y retrouver, à côté de moi, la même chose cet être triste, sévère et semblable à celui que j'ai fui. Je cherche le Vatican et les palais. Je prétends m'enivrer des vues et de ce qu'elles suggèrent, mais ce n'est pas le cas. Mon géant (moi) me suit, où que j'aille."
Emerson est, il me semble, passé à côté de l'essentiel, paradoxalement.
Si je me rend à Rome ce n'est pas pour m'approcher de Dieu ou me laisser impressionner par les monuments érigés à la gloire d'un empereur, mais pour m'approcher de Michel-Ange, ou de Bramante voire Raphaël... dont les oeuvres me laissent de marbre. Et d'autres encore ? non car la simple évocation du Bernin ne me suffit pas, il me faut l'étudier pour pouvoir l'apprécier, et je suis très loin d'être omniscient.
Si je me rends à Naples aujourd'hui, je file tout droit vers Pompei et Herculanum pour retrouver Pline, et la peinture romaine dont la Renaissance regrettait l'absence.je serai sûrement ému par les ruines et les moulages des pauvres victimes, mais seulement ému.
Si je vais au Louvre, ce n'est pas pour y voir la Joconde mais Léonard, et je m'en approcherai beaucoup mieux en regardant la Saint-Anne ou le Baptiste.
Evidemment cette approche demande de dépasser un premier stade : celui de l'émotion, en prenant conscience, par la connaissance, du travail hors du commun accompli par les grands de l'espèce humaine.
C'est justement la voie tracée par le philosophe américain dans son essai sur la Confiance et l'Autonomie, d'où le paradoxe évoqué plus haut.
Je reçois normalement demain l'ouvrage d'Alain de Botton sur l'Art de Voyager.
On en reparlera donc.
Emerson est, il me semble, passé à côté de l'essentiel, paradoxalement.
Si je me rend à Rome ce n'est pas pour m'approcher de Dieu ou me laisser impressionner par les monuments érigés à la gloire d'un empereur, mais pour m'approcher de Michel-Ange, ou de Bramante voire Raphaël... dont les oeuvres me laissent de marbre. Et d'autres encore ? non car la simple évocation du Bernin ne me suffit pas, il me faut l'étudier pour pouvoir l'apprécier, et je suis très loin d'être omniscient.
Si je me rends à Naples aujourd'hui, je file tout droit vers Pompei et Herculanum pour retrouver Pline, et la peinture romaine dont la Renaissance regrettait l'absence.je serai sûrement ému par les ruines et les moulages des pauvres victimes, mais seulement ému.
Si je vais au Louvre, ce n'est pas pour y voir la Joconde mais Léonard, et je m'en approcherai beaucoup mieux en regardant la Saint-Anne ou le Baptiste.
Evidemment cette approche demande de dépasser un premier stade : celui de l'émotion, en prenant conscience, par la connaissance, du travail hors du commun accompli par les grands de l'espèce humaine.
C'est justement la voie tracée par le philosophe américain dans son essai sur la Confiance et l'Autonomie, d'où le paradoxe évoqué plus haut.
Je reçois normalement demain l'ouvrage d'Alain de Botton sur l'Art de Voyager.
On en reparlera donc.
Commentaires