Faux départ ?

Il est difficile d'expliquer aux gens l'après deuil... car celui-ci n'existe pas.
Nous sommes toujours en deuil mais menons une autre vie avec d'autres personnes, d'autres rêves et cauchemars.
On reste veuf ou orphelin à vie.
C'est comme ça, on fait avec plus ou moins bien.
Je suis aujourd'hui en Normandie depuis 3 ans, en pays de Caux précisément, là ou Monet, Degas, Renoir, Pissarro, Morisot, Gauguin, Debussy et d'autres sévirent.
La vie ici  n'est pas facile, surtout quand on a vécu à Paris pendant 60 ans.
Pourtant je ne suis pas à plaindre,  je vis dans un cadre plutôt exceptionnel, un manoir (un tas de pierres et de briques joliment agencées),  un grand parc (des arbres, des fleurs, de l'herbe et des orties), la mer à 10 minutes, y a pire .
Ici la  nature fait loi, le vent balaie la côte tous les jours ou presque, le vert des prairies se comprend mieux avec les averses si fréquentes, le calme n'existe pas mais l'atmosphère est sereine.
L'angoisse du noir absolu passe petit à petit, et les troubles des nuisances sonores parisiennes, les talons des gonzesses sur le parquet, les voitures, les hystériques braillards, les sonos à fond n'ont pas cours ici ; restent quand même les gros cons à moto la manette des gaz à fond.
L'internet passe mal et le réseau cellulaire aussi, on paie plus cher pour des performances moindres. Le train met des plombes pour relier Paris et les commerçants  d'ici prennent des vacances quand ça leur chante, ils se foutent du tourisme, pourtant l'une des rares mannes. Difficile de les comprendre, difficile de leur faire prendre conscience de la richesse des lieux.
Une côte sauvage préservée du béton, un des sites préféré des impressionnistes, et des lumières magnifiques.
Un cadre somme toute sympa pour travailler mais il faut surtout du temps, de l'énergie et quelques bribes d'inspiration pour se remettre au clavier.
Le plus dur, l'éloignement des  bibliothèques de la capitale, il va falloir faire sans.



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