L'oeuvre encapsulée

Distinguons l'oeuvre (le texte, les images fixes ou animées, la musique) du livre, le support papier ou électronique. L'un est la propriété intellectuelle d'artistes, l'autre appartient au lecteur pour un temps défini par le fabriquant, la fameuse obsolescence programmée. En achetant un livre, vous n'acheter pas un oeuvre, elle ne vous appartient pas avant, au mieux 70 ans, mais juste du papier comme celui utilisé pour vos toilettes ou le ménage, ou des composants électronique identiques à ceux utilisés pour des étiquettes affichant les prix dans les rayons de votre supermarché. Pas vraiment fun. L’oeuvre encapsulée se distingue du format classique par son approche hyper-média. Je préfère ce terme à celui de multimédia, une sorte de snobisme je l’avoue. L’hypermédia fait référence à l’hypertexte du Web, on saute d’un texte à l’autre par la magie d’un lien. Peut importe la distance séparant l’un de l’autre? Pour l’hypermédia c’est la même chose, on saute d’un texte à une image, d’un texte à une musique, d’une image fixe à des images animées et vice-versa. En s’adonnant à ce petit jeu on s’y perd vite et là est le problème. Pourtant depuis longtemps le poète sait : Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Ils se parlent et se répondent mais nous restons sourds aux appels des Nymphéas de Monet, de la musique de Debussy, de la poésie de Mallarmé. Comment faire pour satisfaire Baudelaire ? Dans un monde analogique c’est compliqué, dans un monde numérique c’est plutôt simple, même si l’on vous dit le contraire. On encapsule, on encapsule les fichiers numériques dans un conteneur, et un moteur de rendu vous offre sur une même page électronique (un écran), la notion de page devient presque incongrue, des textes et des images, et diffuse via des hauts-parleurs de la musique. Le réalisateur hypermédia du 21e siècle s’extirpe d’un cloisonnement auquel les arts ne peuvent dire merci tant ils se sentent prisonniers.

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