Copistes Serviles
Changement d’état d’esprit. Après une levée de boucliers contre la numérisation du fonds patrimonial littéraire, Google devient l’enfant chéri de la blogosphère. Ce revirement s’explique par la mise à disposition de milliers de titres au format e-pub pour le Sony reader. Que la vergogne nous soit étrangère (moi le premier), nul n’en doute, mais on connaît le modèle du géant américain, ce qui est gratuit aujourd’hui deviendra payant demain (directement ou indirectement), et on tombera des nues. Ce n’est pas sérieux. Néanmoins, il faut admettre deux choses :
1) Google a déclenché une riposte européenne chez nos bibliothécaires, et c’est positif
2) Le fonds patrimonial devient le fonds stratégique des e-readers, à l’exception d’Amazon.
C’est évidemment le second item qui m’intéresse.
Cette approche n’est pas nouvelle, elle change juste de dimension. Ce qui relevait d’une démarche individuelle, aller sur Projet Gutenberg par exemple, risque de devenir une proposition par défaut (eh bien ma petite dame, avec votre reader je vous sers non pas un, non pas deux, mais 5 000 titres !), sans filtre (qui choisit quoi dans cette affaire ?). Elle émane de deux acteurs étrangers, pas pour longtemps, au monde du livre et laissent les éditeurs sur la touche.
Gratuite, ou presque, cette offre me dérange car elle relègue l’immatériel, encore une fois, au rang de sous-produit. Comment faire admettre ensuite au marché de bien vouloir bourse délier pour un ouvrage contemporain ? La fronde contre les e-books au-dessus de 10 $ sur Kindle ne s’explique pas autrement que par cette habitude de ne plus fixer un prix au regard d’une valeur. Tout à 10 balles, c’est digne du bazar, du souk.
Pourquoi un auteur de talent ne se vendrait-il pas plus cher qu’un autre et au-dessus de 10 $ ?
Cette offre, pas seulement celle de Google d’ailleurs, me dérange car sous couvert de gratuité on efface 500 ans d’efforts éditoriaux, ce n’est pas cool.
Je voulais retrouver dans le Timée un passage référencé sous la forme 21 100-120 (c’est un exemple). Eh bien accroche-toi mon vieux ! Ce type d’indexation, d’une efficacité exemplaire, est absente des versions numériques. Ou tu te tapes une lecture de Platon (ça fait pas de mal), en espérant ne pas être trop con pour ne pas louper le passage mentionné, ou tu cours vite à la bibliothèque emprunter une version papier.
Pour la mise en page, si je me réfère à un exemple fourni par Aldus, un ouvrage sur l’entraînement des astronautes, les images ne sont pas centrées et le texte pas justifié. Si mon fer est à gauche toute pour mes guides, je fais au moins l’effort sans être un pro, d’une mise en page honnête. La balise « justifié » n’existe pas en E-Pub, j’ai du mal à le croire.
Cette offre me dérange aussi car elle renvoie la créativité, la nouveauté aux oubliettes. Cette transposition pure et simple du monde papier sur un support électronique est médiocre. Vous connaissez mes rengaines sur l’écriture hypermédia, je n’en démords pas. Sans disruption et décloisonnement on passe à côté d’une nouvelle écriture, d’une tentative d’atteindre à l’art total (on échouera mais peu importe). Quand dans les Psaumes je lis « Pour le coryphée. Sur instruments à cordes » je constate une certaine impuissance depuis plus de 2000 ans du mot. Nous avons aujourd’hui la possibilité d’y palier, mais non, on fait comme d’habitude.
1) Google a déclenché une riposte européenne chez nos bibliothécaires, et c’est positif
2) Le fonds patrimonial devient le fonds stratégique des e-readers, à l’exception d’Amazon.
C’est évidemment le second item qui m’intéresse.
Cette approche n’est pas nouvelle, elle change juste de dimension. Ce qui relevait d’une démarche individuelle, aller sur Projet Gutenberg par exemple, risque de devenir une proposition par défaut (eh bien ma petite dame, avec votre reader je vous sers non pas un, non pas deux, mais 5 000 titres !), sans filtre (qui choisit quoi dans cette affaire ?). Elle émane de deux acteurs étrangers, pas pour longtemps, au monde du livre et laissent les éditeurs sur la touche.
Gratuite, ou presque, cette offre me dérange car elle relègue l’immatériel, encore une fois, au rang de sous-produit. Comment faire admettre ensuite au marché de bien vouloir bourse délier pour un ouvrage contemporain ? La fronde contre les e-books au-dessus de 10 $ sur Kindle ne s’explique pas autrement que par cette habitude de ne plus fixer un prix au regard d’une valeur. Tout à 10 balles, c’est digne du bazar, du souk.
Pourquoi un auteur de talent ne se vendrait-il pas plus cher qu’un autre et au-dessus de 10 $ ?
Cette offre, pas seulement celle de Google d’ailleurs, me dérange car sous couvert de gratuité on efface 500 ans d’efforts éditoriaux, ce n’est pas cool.
Je voulais retrouver dans le Timée un passage référencé sous la forme 21 100-120 (c’est un exemple). Eh bien accroche-toi mon vieux ! Ce type d’indexation, d’une efficacité exemplaire, est absente des versions numériques. Ou tu te tapes une lecture de Platon (ça fait pas de mal), en espérant ne pas être trop con pour ne pas louper le passage mentionné, ou tu cours vite à la bibliothèque emprunter une version papier.
Pour la mise en page, si je me réfère à un exemple fourni par Aldus, un ouvrage sur l’entraînement des astronautes, les images ne sont pas centrées et le texte pas justifié. Si mon fer est à gauche toute pour mes guides, je fais au moins l’effort sans être un pro, d’une mise en page honnête. La balise « justifié » n’existe pas en E-Pub, j’ai du mal à le croire.
Cette offre me dérange aussi car elle renvoie la créativité, la nouveauté aux oubliettes. Cette transposition pure et simple du monde papier sur un support électronique est médiocre. Vous connaissez mes rengaines sur l’écriture hypermédia, je n’en démords pas. Sans disruption et décloisonnement on passe à côté d’une nouvelle écriture, d’une tentative d’atteindre à l’art total (on échouera mais peu importe). Quand dans les Psaumes je lis « Pour le coryphée. Sur instruments à cordes » je constate une certaine impuissance depuis plus de 2000 ans du mot. Nous avons aujourd’hui la possibilité d’y palier, mais non, on fait comme d’habitude.
Copistes serviles nous sommes.
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