Le-livre-electronique-est-un-non-sens
BibliObs, suite.
Je partage à 100 % l'opinion d'Alain Schmidt publié dans le dossier "livre électronique" mais n'en tire pas les mêmes conclusions.
"Alain Schmidt est libraire. Avec Jacques Attali et Erik Orsenna, il a participé, en 2000, au lancement du premier Cybook par la société française Cytale. A l'époque, ce premier lecteur mobile ne convainc pas, et l'entreprise fait faillite. Pour BibliObs, il revient sur ce faux départ et commente l'actualité du livre numérique.
BibliObs. - Le livre numérique est aujourd'hui en plein développement. Pourquoi le lancement du premier Cybook, il y a huit ans, s'était-il alors soldé par un échec?
Alain Schmidt. - J'ai participé au lancement de Cytale en 1999 pour que la société soit viable en 2000. L'échec a été cuisant en 2001 à cause d'une erreur stratégique - et de malchance. L'erreur était de penser que le livre numérique pouvait faire une entrée dans le marché grand public: il doit d'abord faire une entrée dans un marché de lecteurs «empêchés», c'est-à-dire les malvoyants et déficients visuels pour qui le livre papier n'est pas accessible à cause de la petitesse des caractères. C'est une population grandissante.
BibliObs. - Comment les libraires peuvent-ils accueillir le livre numérique?
A. Schmidt. - La librairie ne l'accueillera pas. Le livre électronique tel qu'il existe est un non-sens, un non-raisonnement. Ce n'est pas du tout le même métier. Le livre électronique n'existe pas plus que le marché électronique de la culture. C'est un piège intellectuel. Quand on a inventé le livre, il a fallu plusieurs siècles pour inventer le format de page. Les livres numériques actuels n'en sont qu'au stade du rouleau. Et la jeune génération ne veut pas de régression, elle ne s'y intéressera pas: on ne peut pas demander à des lecteurs qui ont 5 ou 6 siècles de lecture derrière eux d'accueillir une culture rétrograde d'appareils. C'est une perte de temps. Ces machines sont obsolètes, elles proposent une vision quasi moyenâgeuse du livre. Quand je prends un livre, je ne me pose pas la question de son système d'exploitation, mais de la langue. Il faut développer une société qui s'intéresse à la lecture et non à des plates-formes de lecture
BibliObs. - Le livre numérique et les réseaux de distribution électronique constituent-ils une menace pour le livre papier?
A. Schmidt. - Je n'ai aucune crainte. Le livre électronique n'existe pas et ne peut pas concurrencer autre chose. Internet est non réglementé. C'est par définition le monde des pillards, un lieu non pacifié où tout est possible. Tout y est symbole de gratuité. Les lecteurs qui pirateront ou téléchargeront des livres numériques devront les imprimer, ou les mettre sur des objets peu fiables. Ils reviendront vers le livre papier.
Propos recueillis par Camille Tenneson"
1) Remarques: Il est dommage que l'on ne fasse pas la distinction entre livre électronique : le support (obsolètes j'adore, on se fait tous baisés et on aime ça ;-)) et livre numérique : l'œuvre.
2) Le livre numérique est par essence et définition hypermédia, il est la réponse à une copie servile, une régression, proposée actuellement par le marché.
3) Le retour au papier sera impossible pour ce type d'ouvrage.
4) J'aimerai bien rencontré ce monsieur.
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090424/12069/le-livre-electronique-est-un-non-sens
Je partage à 100 % l'opinion d'Alain Schmidt publié dans le dossier "livre électronique" mais n'en tire pas les mêmes conclusions.
"Alain Schmidt est libraire. Avec Jacques Attali et Erik Orsenna, il a participé, en 2000, au lancement du premier Cybook par la société française Cytale. A l'époque, ce premier lecteur mobile ne convainc pas, et l'entreprise fait faillite. Pour BibliObs, il revient sur ce faux départ et commente l'actualité du livre numérique.
BibliObs. - Le livre numérique est aujourd'hui en plein développement. Pourquoi le lancement du premier Cybook, il y a huit ans, s'était-il alors soldé par un échec?
Alain Schmidt. - J'ai participé au lancement de Cytale en 1999 pour que la société soit viable en 2000. L'échec a été cuisant en 2001 à cause d'une erreur stratégique - et de malchance. L'erreur était de penser que le livre numérique pouvait faire une entrée dans le marché grand public: il doit d'abord faire une entrée dans un marché de lecteurs «empêchés», c'est-à-dire les malvoyants et déficients visuels pour qui le livre papier n'est pas accessible à cause de la petitesse des caractères. C'est une population grandissante.
BibliObs. - Comment les libraires peuvent-ils accueillir le livre numérique?
A. Schmidt. - La librairie ne l'accueillera pas. Le livre électronique tel qu'il existe est un non-sens, un non-raisonnement. Ce n'est pas du tout le même métier. Le livre électronique n'existe pas plus que le marché électronique de la culture. C'est un piège intellectuel. Quand on a inventé le livre, il a fallu plusieurs siècles pour inventer le format de page. Les livres numériques actuels n'en sont qu'au stade du rouleau. Et la jeune génération ne veut pas de régression, elle ne s'y intéressera pas: on ne peut pas demander à des lecteurs qui ont 5 ou 6 siècles de lecture derrière eux d'accueillir une culture rétrograde d'appareils. C'est une perte de temps. Ces machines sont obsolètes, elles proposent une vision quasi moyenâgeuse du livre. Quand je prends un livre, je ne me pose pas la question de son système d'exploitation, mais de la langue. Il faut développer une société qui s'intéresse à la lecture et non à des plates-formes de lecture
BibliObs. - Le livre numérique et les réseaux de distribution électronique constituent-ils une menace pour le livre papier?
A. Schmidt. - Je n'ai aucune crainte. Le livre électronique n'existe pas et ne peut pas concurrencer autre chose. Internet est non réglementé. C'est par définition le monde des pillards, un lieu non pacifié où tout est possible. Tout y est symbole de gratuité. Les lecteurs qui pirateront ou téléchargeront des livres numériques devront les imprimer, ou les mettre sur des objets peu fiables. Ils reviendront vers le livre papier.
Propos recueillis par Camille Tenneson"
1) Remarques: Il est dommage que l'on ne fasse pas la distinction entre livre électronique : le support (obsolètes j'adore, on se fait tous baisés et on aime ça ;-)) et livre numérique : l'œuvre.
2) Le livre numérique est par essence et définition hypermédia, il est la réponse à une copie servile, une régression, proposée actuellement par le marché.
3) Le retour au papier sera impossible pour ce type d'ouvrage.
4) J'aimerai bien rencontré ce monsieur.
http://bibliobs.nouvelobs.com/20090424/12069/le-livre-electronique-est-un-non-sens
Commentaires