De quoi le livre numérique est-il le nom 2/2
Du support
Autant l’avouer tout de suite : Je ne suis pas vraiment à l’aise pour parler du support. Le hard, l’OS, le moteur de rendu etc. ne m’intéressent pas, seul le résultat final compte.
Depuis la sortie de l’Iphone mes belles certitudes ont été quelque peu ébranlées, j’y reviendrai un jour peut-être ;-).
1) Du confort de lecture
En découvrant avec Aldus l’Iliad (une éternité) et la technologie E-Ink, j’ai été très vite emballé, sur sa foi, par la qualité de restitution en toutes circonstances de la chose à voir. J’étais comme la majorité d’entre vous très irrité par ces écrans d’appareils photos, de PDA ou de téléphone, illisibles dès que le nombre de lux devient trop important. Impossible de lire mes guides sur un HP Ipaq RXXXX pas plus que sur ma console PSP… en plein soleil florentin, et du soleil sur les bords de l’Arne ce n’est pas ce qui manque. J’en suis arrivé à rejeter d’office tout support non lisible en toutes circonstances.
C’est la caractéristique fondamentale de cette nouvelle technologie baptisée « e-paper ». En dehors de celle-ci, et il semble qu’E-ink en soit devenu le parangon, nous retombons dans les travers cités ci-dessus (pour la nuit j’utilise une loupiote à diodes et cela fonctionne très bien).
Mes lectures étant rarement distractives, je fatigue disons plus vite qu’il y a vingt ans et éprouve des difficultés de concentration. Je râle donc contre les livres de poche et l’italique, facteurs de lassitude supplémentaire.
Retour d’expérience aidant j’utilise pour mes guides numériques une taille de police plus forte qu’à l’accoutumée, à savoir un Garamond 14 et 15 pour l’italique.
Difficiledimaginerrevenirautempsmédiévauxsansespacesponctuationetcaractèresoldenglishmêmetruetype (l'effet escompté est loupé car l'éditeur de blogspot n'accepte pas la police citée ;-(.
La taille des polices procède du confort (et les bugs de gestion des polices en mode « zoom » sur le PRS devraient être réglés au plus vite).
Choisir une taille de police en fonction d’une économie papier n’a plus aucun sens. Une ou deux lignes en moins par page, en plus, une page ou cent supplémentaires, des images (hors droit) à foison (plein écran, réduites puis zoomées (ah on ne sait pas faire)), tout cela ne coûte rien sur ce nouveau type de support et n’entrave plus la créativité de l’auteur.
La taille de l’écran. Sans être un spécialiste de l’ergonomie, il me semble qu’une surface de lecture trop petite ou trop grande n’est pas idéalement embrassée par notre vision. Un balayage de celle-ci doit certainement précéder notre décryptage des mots et du sens. Arbitrairement, je fixe pour dimensions plancher de l’écran celles de la PSP et pour plafond un écran 8’’. Paradoxalement, une machine à lire dans une poche arrière d’un 501 : le pied (surtout pour les pickpockets ;-)). Pour ce la taille du carter doit être réduite au minimum, exit le clavier du Kindle, les boutons du PRS.
Pour la mise en page, il est évident que cette dernière est tributaire d’une diagonale du sage. Images, textes sur plusieurs colonnes, tableaux, ne peuvent souffrir d’un écran trop petit. Il est d’usage d’ignorer qu’il existe d’autres types d’ouvrages que le roman pour s’enflammer sur le succès, mais pour combien de temps ? des e-books (terme très flou) sur les téléphones mobiles. Exemple : Je lis les Evangiles de Luc, Matthieu et Marc. L’un après l’autre ils se lisent probablement sans problème sur un Iphone. Mais ces 3 Evangiles sont dits synoptiques et quand je veux une lecture comparative, comme le terme m’y invite, impossible. Que faire ?
Idem pour les mangas, je présume que l’auteur conçoit ces dessins en fonction du format.
Une BD sur l’Iphone ça passe, mais qu’en pense le dessinateur ? Et notre appréhension de l’histoire par notre champ de vision ? Le rythme est cassé, les images chocs ne le sont plus. Tout est lissé, comme au format MP3. C’est une trahison ! C’est étonnant que la blogosphère, encensant en général ce type de produit, se laisse manipuler. Elle a abandonné tout esprit critique.
J’attends évidemment comme tout le monde la couleur, non pour les images mais pour le texte. Des citations en couleurs c’est de l’italique en moins, des dialogues plus faciles à suivre aussi.
Au cours de nos lectures, nous avons tous souhaité une liaison intelligente, conviviale au sens Mac, avec :
- un dictionnaire
- des notes de bas de page qui n’ont plus rien à faire en bas de page
- Idem pour les notes bibliographiques qui n’ont plus rien à faire en fin d’ouvrage et qui peuvent me permettre d’ouvrir le livre cité en référence appartenant à ma « bibliothèque » on ou off-line.
- Idem pour l’index
La prise de notes en mode image sur l’Iliad n’est vraiment pas top. Je ne sais pas comment cela fonctionne sur le Kindle, mais une fois la note enregistrée je dois pouvoir l’indexer intelligemment (l’indexation plein texte me pose problème, le bruit est trop important pour le moment, mais un jour sûrement), ainsi que ma fiche de lecture sans passer par un processus « d’océrisation ».
Le marque-page n’est pas suffisant, il devait être étendu au surlignage d’une partie du texte.
2) Disruption
Insérer une illustration (peinture, photo, graphique, diagramme etc.) dans un texte n'est pas seulement un processus d'illustration, il peut aussi s'agir d’une forme « d’écriture » (celle d’Archimède avec ses diagrammes en est un bon exemple), les mots ne sont alors que des accompagnateurs. En mode papier, chacun admet qu'il n'existe pas d'autre solution que de tourner les pages, et cela plusieurs fois parfois, pour revenir sur cette illustration, quand les mots nous y invitent. En mode électronique, le PG-UP ou le PG-Down ou toutes autres actions, sont insupportables. Il y a déconnexion entre le sujet et l'objet.
Il serait vraiment facile d'insérer des balises pour permettre à l'auteur de faire glisser son texte au regard de son illustration sur deux colonnes voire même de lui permettre de forcer lui-même le mode zoom, sur le détail qu'il souligne. Le confort de lecture en serait accru, et l'interactivité renforcée. J'ai testé cette idée autour de moi et chacun de mes interlocuteurs s'est montré enthousiaste. J’ai proposé cette fonction à Adobe….vous connaissez la réponse. Il n’empêche, un jour viendra et alors se posera le problème d’un ou deux écrans pour un livrel.
Cet exemple et le mode page (codex) VS le mode flux (volumen) sont l’illustration d’une nouvelle réflexion en disruption à mener au sujet de la lecture sur une ardoise. Je ne comprends pas, par exemple, pourquoi Classics et son lecteur sur Iphone « singe » le processus d’une page qui tourne. C’est de la poudre aux yeux… fatigante après une dizaine de pages.
On a tort de faire un amalgame entre tous les ouvrages sous un terme générique de « e-book » (je me répète). J’aime bien le terme e-codex. Personne ne le reprend, dommage, mais ce n’est pas grave. Il sera peut-être nécessaire de caractériser l’ouvrage numérique par son type, flux, page, et notre ardoise d’être capable d’un rendu pour ces deux modes de diffusion. Nous aurions alors des e-codex, j’y tiens ;-) et des e-volumen.
Je ne m’étendrai pas sur les liens hypertextes (j’élimine de cette réflexion les notes de bas de page etc.) Lecture linéaire VS zapping, c’est l’auteur qui en décidera, avec bcp de difficultés pour le second mode d’écriture. Comment ramener le lecteur vers l’objectif final ? C’est un boulot fou.
En gros un livrel n’est plus un livre. C’est un nouveau support pour une nouvelle façon de lire pour une nouvelle façon d’écrire. C’est ce en quoi nous avons de la chance de vivre cette expérience. C’est ce en quoi cette approche quantitative des marketteurs (une bibliothèque dans votre poche) m’horripile car il semble qu’ils n’aient pas perçu l’immense potentiel de ce nouvel outil de la culture.
Depuis la sortie de l’Iphone mes belles certitudes ont été quelque peu ébranlées, j’y reviendrai un jour peut-être ;-).
1) Du confort de lecture
En découvrant avec Aldus l’Iliad (une éternité) et la technologie E-Ink, j’ai été très vite emballé, sur sa foi, par la qualité de restitution en toutes circonstances de la chose à voir. J’étais comme la majorité d’entre vous très irrité par ces écrans d’appareils photos, de PDA ou de téléphone, illisibles dès que le nombre de lux devient trop important. Impossible de lire mes guides sur un HP Ipaq RXXXX pas plus que sur ma console PSP… en plein soleil florentin, et du soleil sur les bords de l’Arne ce n’est pas ce qui manque. J’en suis arrivé à rejeter d’office tout support non lisible en toutes circonstances.
C’est la caractéristique fondamentale de cette nouvelle technologie baptisée « e-paper ». En dehors de celle-ci, et il semble qu’E-ink en soit devenu le parangon, nous retombons dans les travers cités ci-dessus (pour la nuit j’utilise une loupiote à diodes et cela fonctionne très bien).
Mes lectures étant rarement distractives, je fatigue disons plus vite qu’il y a vingt ans et éprouve des difficultés de concentration. Je râle donc contre les livres de poche et l’italique, facteurs de lassitude supplémentaire.
Retour d’expérience aidant j’utilise pour mes guides numériques une taille de police plus forte qu’à l’accoutumée, à savoir un Garamond 14 et 15 pour l’italique.
Difficiledimaginerrevenirautempsmédiévauxsansespacesponctuationetcaractèresoldenglishmêmetruetype (l'effet escompté est loupé car l'éditeur de blogspot n'accepte pas la police citée ;-(.
La taille des polices procède du confort (et les bugs de gestion des polices en mode « zoom » sur le PRS devraient être réglés au plus vite).
Choisir une taille de police en fonction d’une économie papier n’a plus aucun sens. Une ou deux lignes en moins par page, en plus, une page ou cent supplémentaires, des images (hors droit) à foison (plein écran, réduites puis zoomées (ah on ne sait pas faire)), tout cela ne coûte rien sur ce nouveau type de support et n’entrave plus la créativité de l’auteur.
La taille de l’écran. Sans être un spécialiste de l’ergonomie, il me semble qu’une surface de lecture trop petite ou trop grande n’est pas idéalement embrassée par notre vision. Un balayage de celle-ci doit certainement précéder notre décryptage des mots et du sens. Arbitrairement, je fixe pour dimensions plancher de l’écran celles de la PSP et pour plafond un écran 8’’. Paradoxalement, une machine à lire dans une poche arrière d’un 501 : le pied (surtout pour les pickpockets ;-)). Pour ce la taille du carter doit être réduite au minimum, exit le clavier du Kindle, les boutons du PRS.
Pour la mise en page, il est évident que cette dernière est tributaire d’une diagonale du sage. Images, textes sur plusieurs colonnes, tableaux, ne peuvent souffrir d’un écran trop petit. Il est d’usage d’ignorer qu’il existe d’autres types d’ouvrages que le roman pour s’enflammer sur le succès, mais pour combien de temps ? des e-books (terme très flou) sur les téléphones mobiles. Exemple : Je lis les Evangiles de Luc, Matthieu et Marc. L’un après l’autre ils se lisent probablement sans problème sur un Iphone. Mais ces 3 Evangiles sont dits synoptiques et quand je veux une lecture comparative, comme le terme m’y invite, impossible. Que faire ?
Idem pour les mangas, je présume que l’auteur conçoit ces dessins en fonction du format.
Une BD sur l’Iphone ça passe, mais qu’en pense le dessinateur ? Et notre appréhension de l’histoire par notre champ de vision ? Le rythme est cassé, les images chocs ne le sont plus. Tout est lissé, comme au format MP3. C’est une trahison ! C’est étonnant que la blogosphère, encensant en général ce type de produit, se laisse manipuler. Elle a abandonné tout esprit critique.
J’attends évidemment comme tout le monde la couleur, non pour les images mais pour le texte. Des citations en couleurs c’est de l’italique en moins, des dialogues plus faciles à suivre aussi.
Au cours de nos lectures, nous avons tous souhaité une liaison intelligente, conviviale au sens Mac, avec :
- un dictionnaire
- des notes de bas de page qui n’ont plus rien à faire en bas de page
- Idem pour les notes bibliographiques qui n’ont plus rien à faire en fin d’ouvrage et qui peuvent me permettre d’ouvrir le livre cité en référence appartenant à ma « bibliothèque » on ou off-line.
- Idem pour l’index
La prise de notes en mode image sur l’Iliad n’est vraiment pas top. Je ne sais pas comment cela fonctionne sur le Kindle, mais une fois la note enregistrée je dois pouvoir l’indexer intelligemment (l’indexation plein texte me pose problème, le bruit est trop important pour le moment, mais un jour sûrement), ainsi que ma fiche de lecture sans passer par un processus « d’océrisation ».
Le marque-page n’est pas suffisant, il devait être étendu au surlignage d’une partie du texte.
2) Disruption
Insérer une illustration (peinture, photo, graphique, diagramme etc.) dans un texte n'est pas seulement un processus d'illustration, il peut aussi s'agir d’une forme « d’écriture » (celle d’Archimède avec ses diagrammes en est un bon exemple), les mots ne sont alors que des accompagnateurs. En mode papier, chacun admet qu'il n'existe pas d'autre solution que de tourner les pages, et cela plusieurs fois parfois, pour revenir sur cette illustration, quand les mots nous y invitent. En mode électronique, le PG-UP ou le PG-Down ou toutes autres actions, sont insupportables. Il y a déconnexion entre le sujet et l'objet.
Il serait vraiment facile d'insérer des balises pour permettre à l'auteur de faire glisser son texte au regard de son illustration sur deux colonnes voire même de lui permettre de forcer lui-même le mode zoom, sur le détail qu'il souligne. Le confort de lecture en serait accru, et l'interactivité renforcée. J'ai testé cette idée autour de moi et chacun de mes interlocuteurs s'est montré enthousiaste. J’ai proposé cette fonction à Adobe….vous connaissez la réponse. Il n’empêche, un jour viendra et alors se posera le problème d’un ou deux écrans pour un livrel.
Cet exemple et le mode page (codex) VS le mode flux (volumen) sont l’illustration d’une nouvelle réflexion en disruption à mener au sujet de la lecture sur une ardoise. Je ne comprends pas, par exemple, pourquoi Classics et son lecteur sur Iphone « singe » le processus d’une page qui tourne. C’est de la poudre aux yeux… fatigante après une dizaine de pages.
On a tort de faire un amalgame entre tous les ouvrages sous un terme générique de « e-book » (je me répète). J’aime bien le terme e-codex. Personne ne le reprend, dommage, mais ce n’est pas grave. Il sera peut-être nécessaire de caractériser l’ouvrage numérique par son type, flux, page, et notre ardoise d’être capable d’un rendu pour ces deux modes de diffusion. Nous aurions alors des e-codex, j’y tiens ;-) et des e-volumen.
Je ne m’étendrai pas sur les liens hypertextes (j’élimine de cette réflexion les notes de bas de page etc.) Lecture linéaire VS zapping, c’est l’auteur qui en décidera, avec bcp de difficultés pour le second mode d’écriture. Comment ramener le lecteur vers l’objectif final ? C’est un boulot fou.
En gros un livrel n’est plus un livre. C’est un nouveau support pour une nouvelle façon de lire pour une nouvelle façon d’écrire. C’est ce en quoi nous avons de la chance de vivre cette expérience. C’est ce en quoi cette approche quantitative des marketteurs (une bibliothèque dans votre poche) m’horripile car il semble qu’ils n’aient pas perçu l’immense potentiel de ce nouvel outil de la culture.
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