Chape de plomb sur puce de silicium ou de l’Ignorance.

Pléiade : 7 filles d’Atlas transformées en constellation, 7 poètes Alexandrins dont il est difficile de savoir de qui il s’agit, 7 poètes du 16ème dont la Brigade tente de faire reculer le « monstre ignorance » par la diffusion du savoir antique, une maison d’édition emblématique.
Tout le monde, ou presque, connaît le nom de ces hommes de plumes et certains de leurs ouvrages, tel la Deffense et illustration de la langue françoise.
Tout le monde ou presque, souhaite être édité de son vivant sur papier bible ou possédez la collection complète de ces ouvrages au format poche, avec couverture en cuire.
Seulement voilà, imagine-t-on aujourd’hui, même dans la vénérable maison de nous refaire le coup de 1552 (je suis revenu comme promis sur un post précédent sur le chiffre 7) ?
Cette année là parait un recueil des Amours de Ronsard avec un supplément musical : Des chansons de Pierre Certon, Marc-Antoine Muret, Claude Goudimel, Clément Janequin.
Treize ans plus tard le poète dans son Abrégé de l'art poétique francoys ne peut s’empêcher de corréler les deux arts : Les vers sont «musique » et faits pour être chantés ; la poésie « sans les instruments » ou « sans la grâce d'une seule ou plusieurs voix n'est nullement agréable.»
Imagine-t-on dans la vénérable maison (je ne fais pas le procès de la Pléiade bien entendu, cette institution est simplement emblématique) mettre en œuvre les préceptes de Ronsard ? Non.
Ce domaine n’est pas le leur, il est celui d’Harmonia Mundi, par exemple.
Nous ce sont les mots, eux ce sont les sons. Misère.
Seulement je suis peut-être allé un peu vite. La « musique » ou les mots il y a cinq siècles étaient lus, voir fredonnés et non lus et écoutés.
Il n’empêche il n’existe pas, à ma connaissance, une édition « moderne », il faut l’écrire vite, digne de celle citée plus haut.
Plus grave. Cette approche, ce cloisonnement nous sont tellement familiers qu’il nous est difficile d’imaginer Giorgione ou Léonard excellents musiciens, quoique pour ce dernier plus rien ne nous étonne (il serait hétérosexuel …..je le savais ;-)), Michel-Ange comme l’un des meilleurs poètes Italiens (Du Bellay aimait à comparer Ronsard au sculpteur de la Pièta d’ailleurs), et Galilée en théoricien de l’art.
Quand le monde littéraire s’est il refermé sur lui-même ? Je n’en sais rien.
Pourquoi ? Par pragmatisme, suggestion faite par Lorenzo Soccavo dans un post ? Pour ma part j’avancerai les termes de rentabilité (pas vraiment condamnable), mais surtout d’ignorance (impardonnable).
Ignorance du legs des anciens : Pythagore, Platon, Boèce, Abélard etc. Ignorance des temps qui changent. Connaissance d’un modèle devenu une seconde peau.
L’absence d’une édition de référence de la Bible, de la Divine Comédie, d’une biographie de Mozart ou Bob Dylan avec musique est une aberration au 21ème siècle.
Ce n’est pas infaisable, il existe des livres couplés à des CD (techno du siècle dernier), exceptionnels, un autre univers.
Notre éditeur vénère 1452, les millésimes bordelais ou bourguignons, mais ils ignorent 1895 et le cinéma des Lumières, par extension la vidéo et DivX, 1972 et l’invention du microprocesseur. Seule la photo (1780 ou 1827) et le dessin (âge de pierre) trouvent parfois grâce à leur yeux (mais point trop, pragmatisme oblige).
L’éditeur est un homme du plomb, matériau lourd, très lourd dont il a fait une chape.
Cette chape, d’autres que lui la supportent.
Les auteurs en premier lieu.
- Tu veux faire quoi ? N’y pense même pas, invendable.
Les ingénieurs ensuite.
E-ink n’est pas une marque choisie au hasard. Elle est un référant par trop déférent.
Si la fonction MP3 est ajoutée au livrel, c’est une erreur d’analyse comportementale : Vous pouvez lire en écoutant de la musique, ajouter l’effet Mozart (sa musique rend intelligent ;-))) à l’effet Homère (sa poésie nous cultive et nous rend meilleur), à l'effet Platon ou Marx (ils nous font réfléchir). Irex, qui n'a pas encore tout compris, ne propose plus la lecture son.
Pour la vidéo on verra plus tard.
Sans être incongru le mot numérisation n’est appréhendé que de manière restrictive, économique. L’éditeur n’est pas hostile au progrès, l’impression numérique lui sied, il est seulement un velléitaire des enjeux culturels. Il est un élément d’une communauté dont le paradigme n’a pas évolué depuis des lustres. Gutenberg, Giunti ou Manuce n’auraient aucune difficulté pour s’insérer dans notre siècle, reprendre leur place au sein du groupe.
Evidemment il existe des exceptions, sur les doigts de la main. La réalité augmentée (c’est quoi çà ? Quand l’auteur « donne » une claque, la joue du lecteur picote ?), l’hyperlivre (ou l’histoire d’un lancement raté (Après SFR/Sony, j’ai essayé le flashcode avec Iphone/Bouygue, même punition, repassez plus tard quand l’ouvrage ne sera plus en rayon par exemple)).
Les lecteurs avertis aussi, ceux à qui je m’adresse (vous êtes entre 30 et 50 par jour, sauf le WE), sont « à l’abri » du plomb ;-(.
Si sur mon clavier je frappe : logiciels libres.
La marque du pluriel ne choque personne, aucune restriction, tout programme est envisageable.
Si maintenant je frappe : écritures libres, le s surprend.
Ne suis-je pas libre d’écrire ? Oui, non, ça dépend des pays (non des nations). Mais je n’envisage à aucun moment le mot comme élément emprisonnant. Pourtant en écrivant ces lignes je ressens comme une certaine frustration, j’aurai aimé vous faire partager la musique de Ronsard, les images des Lumières, une interview de Moore, vous rendre plus intelligent avec Mozart ;-)))...
En attendant je n'ai pu résister au Squirrel Bombing proposé par Libé.



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