Read/Write Book
RV dira que j'ai l'esprit chagrin, soit, mais la lecture des 185 pages du Read/Write Book (les 11 dernières sont des références) ne m'a pas vraiment enthousiasmé. Les intervenants sont à l'image des présentateurs de la météo : parfaits pour décrire le temps qu'il a fait ( la lecture d'hier, celle du 20éme siécle), bien moins bons pour évaluer le livre et la lecture d'aujourd'hui, de demain. Sauf s'ils imaginent que le livre de demain est le Web d'aujourd'hui. Opinion que je partage pas, tout en admettant une influence de ce dernier sur le premier.
Pour ma part la lecture, l'écriture du Net date, j'ai conscience de l'ambiguïté du propos, mais ce qui se lira demain, un nouveau standard de lecture, s'écrit aujourd'hui et n'est pas appréhendé au long de ces lignes.
Je me suis peut-être fourvoyé, le mot Book du titre sans doute, mais leur culture Web influence énormément leur approche, trop. L'écran cité, dans les divers articles, est celui de notre micro, pas celui de notre e-reader (sauf exceptionnellement), c'est dommage. Je ne remet pas en cause les analyses, elles ne sont pas orientées Livrels/Livrens mais Webbook (?).
Si la notion de Read/Write Book est intéressante, elle doit il me semble être autonome du Web, bien que reliée au Net. Elle est une partie qui échappe pour une part à l'auteur, elle ne caractérise pas son écriture, l'essence du livre (sans auteur pas de livre, ni e-book etc. nada, que dalle)
L'approche de Soccavo me semble mieux en phase avec les défis culturels. Nous sommes d'accord il ne s'agit pas d'analyser un changement de support (le hard devient vite trivial) mais de culture livresque. Celle du 21éme siècle encore en gestation, bien que 10 ans déjà nous séparent du siècle dernier.
Pour changer de registre, je suis aussi assez étonné du processus d'écriture adopté par les intervenants pour décrire ce qui devrait être une révolution du livre.
Ne sont utilisés que les mots, sauf une illustration pour le "blog et la recherche" ( article intéressant ). Pas d'interview, pas de vidéo, pas d'hypermédia en un mot on est à l'âge du plomb ;-) (moi aussi, sur le blog en tous cas).
Commentaires
"...autonome par rapport au web" oui, oui, je suis encore d'accord.
Il me semble qu'il y a deux erreurs fondamentales dans leur approche :
1 - Le livre n'est pas qu'un texte mais un ordre de discourt très précis ; ils n'ont pas cherché à bien le délimiter (structuration, références pérennes/internes/croisées, clôture(principe d'édition)...). Marin Dacos écrit : "L’objet de l’édition est le texte ; l’écriture du texte et sa lecture." et Hubert Guillaud parle de "texte liquide". Ils n'essaient pas de définir ce que peut être un livre avec le numérique, et aussi d'un e-éditeur, mais parle du texte numérisé et des pratiques web qu'on peut envisager. Ce raccourci ou il n'y pas de différences entre livre numérique et un texte numérique engendre une fascination pour le web ou le texte est déjà bien présent mais je suis désolé pas du tout le livre !
2 - Ils pensent "un certain Web" et pas assez aux réseaux ! Le livre et le web n'est qu'une partie de ce l'on peut imaginer du livre numérique. Je pense qu'en plus ils se focalisent sur certaines tendances actuelles du web comme le temps réel (twitter/flux...) ou les réseaux sociaux. Ils oublient complètement, par exemple le web applicatif ! Par contre ils ne font pas l'erreur encore plus répandu entre livre numérique et fichier numérique. Le fichier (par exemple epub) est une forme particulière du livre numérique pas son ensemble (erreur prendre la partie pour le tout) alors que le livre papier était fini en soi !
Ces erreurs compliquent la mise en place d'une architecture technique sérieuse et d'une vision plus précise du livre numérique. web, livre, blogs, catalogue de recette, tout est mis au même niveau. Par contre je leur reconnais l'audace d'oser l'éclatement du livre papier, car c'est bien en passant par là qu'on pourra avoir une nouvelle unité logique pour le livre numérique.
Je rebondis sur les extraits par vous cités, où le mot texte garde la primeur. C'est amusant car "on" (je ne peux pas citer la source pour le moment) en vient à fixer arbitrairement le nombre de mots nécessaires pour qualifier un ouvrage de livre (50 % de texte). Cette approche orientée texte, je le regrette, est un frein à l'explosion d'une nouvelle écriture. Mais visiblement elle est commune aux plus influents des acteurs de ce nouvel enjeu culturel (en plus c'est eux qui le souligne) . Nous sommes donc pris entre le texte à l'âge de plomb (voir l'offre e-reader) et le texte vu du Web. C'est pas cool ;-)