De la nature des livres électronique
La sortie de l'Ipad permet de distinguer les livres électroniques (le support matériel) en deux catégories :
1) Le lecteur hypermédia en puissance
2) Le lecteur mode texte
En puissance? L'hypermédia n'est pas natif avec l'Ipad il faut une application (un moteur de rendu) pour utiliser le potentiel du matériel. La question est de savoir s'il existera un moteur standard pour le livre numérique hypermédia, Blio par exemple, ou un moteur pour chaque type d'ouvrage ou d'éditeur. Standard ou non il existe un coût supplémentaire outre celui des droits d'exploitation ou production des contenus enrichissants (terme assez bien choisi comme nous le verrons plus loin).
En examinant les caractéristiques technologiques des livrels une évidence saute aux yeux : la nature du livrel détermine la nature du livre numérique.
Au regard de son porte-monnaie, de ses motivations l'acquéreur s'équipera du référent, l'Ipad, ou non et accédera ou non à certains types d'ouvrages.
Impossible d'obtenir sur les supports E-Ink et similaires la même nature d'ouvrage. La vidéo ne fonctionne pas, la navigation hypertextuelle est laborieuse (quand elle est envisagée par l'assembleur), la liaison dynamique textes/sons/musiques est inexistante, le grossissement ou défilement des images n'est pas vraiment performant quand ils existent.
Ces dispositifs sont développés pour des ouvrages plein texte, dont acte. Inutile de vouloir avec ces équipements faire ce pourquoi ils n'ont pas été conçus. Le détournement n'est que bricolage insatisfaisant.
Après avoir imaginés et conçus des ouvrages hypermédia, il est assez facile d'en faire une version appauvrie pour écrans 5 ou 6" surtout en PDF. Se pose alors la question du prix.
La valeur d'un livre n'étant pas évaluer à la hauteur du talent de l'écrivain, je me demande bien pourquoi, il est une autre évidence : le prix du livrel détermine aussi le prix de l'ouvrage. Un lecteur ayant acquis un livre électronique, à moins de 100 € bientôt, n'est certainement pas disposé à s'offrir des ouvrages dont le montant peut correspondre au dixième ou plus de la valeur de son livrel. Une opportunité pour les bibliothèques de voir une nouvelle clientèle venir approvisionner leur reader avec du contenu gratuit en toute légalité.
Un jour peut-être verra-t-on le support ravalé au rang de simple support, à l'image des imprimantes jet d'encre.
Non "enrichi" le livren sera vendu évidemment moins cher.
Deux types de livrels, deux natures d'ouvrages numériques, deux bases de tarification.
Il ne s'agit pas d'une approche marketing.
La visite du Dôme de Florence sans musique, le motet de G Dufay pour sa consécration, n'exige plus d'expliquer "l'architecture" du morceau de musique bâtit comme l'édifice. Adieu l'ambiance.
Le texte en langue d'oïl de la chanson "La Fille Guillemin" perd de son attraction pour illustrer la condition féminine et notamment le traitement des courtisanes par l'aristocratie. Adieu une écriture hypermédia.
Idem pour les commentaires de Michel-Ange sur la mise en musique de ses sonnets. Impossible de voir un vol de milan sur les collines de Fiesole, des débordements de l'Arno (vidéos) etc... Vive le cloisonnement des arts.
Appauvrissement donc.
Dommage pour les versions 21éme siècle des grands classiques ayant inspirés peintres et musiciens, réalisateur et dessinateurs ?
C'est le business, pas d'état d'âme. L'éditeur choisira entre deux versions ou un seule, enrichie ou pas.
Approche conservatrice ou moderne, approche économique ou culturelle, éditeur VS producteur.
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