Un libraire d'hier
Dîner hier soir avec un ancien libraire de Montmartre. Positionnement spécifique, vente de musiques expérimentales (Cage à côté était un classique ringard et Glass un élève trop propre sur lui), des revues SM et des bouquins du monde entier au tirage très, très limité. Carla Bruni aussi et Taschen pour une clientèle internationale touristique ou/et interlope, aux tatouages magnifiques, aux goûts éclectiques ou populaires. On s’adapte à la zone de chalandise, aux commerces de proximité drainant les costumières du marché St Pierre, les décorateurs de théâtres, aux immeubles hébergeant une clientèle de jeunes scénaristes ou adobistes. Refus des conditions des éditeurs. Ils vous fourguent leur camelote sans tenir compte de vos compétences, de votre clientèle ; pousseurs de box rancuniers. Des employés et un loyer à sortir tous les mois, 1 000 € à faire chaque jour, 7 jours sur 7. Tout allait bien jusqu’en 2005. Le commerce sur le Net prend de plus en plus de poids. Confiance dans le paiement sécurisé. Les labels musicaux du Japon, d’Australie ou des US sont à un clic, même avec un ticket chic Montmartre c’est loin, car les prix des loyers font déménager la clientèle. Refus d’une présence sur la toile, la peur sans doute. Les perles de l’édition underground sont sur Ebay ou Amazon, la lutte est inégale. Rideau. Une belle aventure, et une autre culture.
«Victime » de la toile, notre libraire est à des années lumières du livre électronique, de l’Ipad, du livre numérique. Il aurait aimé vendre des vinyles et du papier toute sa vie.
Sur son Imac 24" dans son pavillon de banlieu avec des bouquins partout, l'acteur d'hier regarde passer les temps modernes.
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