La vie d'avant sur le caillou Bourbon
Les deux sensations les plus fortes de ces cinq semaines passées à la Réunion seront sans conteste la D98, celle menant au cirque de Salazie, sous la pluie tropicale et le silence absolu régnant dans la caldeira du piton de la Fournaise. Jamais de ma vie je n'avais entendu le silence. Pas un souffle de vent, pas un déplacement d'air ni d'animaux, aucun bruit lointain de la civilisation, pas un pas humain sur la lave, rien, ni le battement de mon coeur ou une exhalation de mes poumons.
Et là me revint en mémoire l'introduction de L’Arte dei rumori écrit par Luigi Russolo. Un manifeste futuriste pendant de celui Filippo Tommaso Marinetti. La vie antique ne fut que silence. C’est au dix-neuvième siècle seulement, avec l’invention des machines, que naquit le bruit.
Je suis, nous sommes nés dans le bruit, je suis, nous sommes sous la domination de la vitesse et de la puissance. Ces manifestes pilotent encore nos vies et pour longtemps encore. Alors quand je suis, nous sommes face à la vie d'avant quel choc.
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