Livre électronique VS numérique
A l’instant T le livre électronique s’incarne en un matériel proposé par 2 ou 3 fabricants, à ne pas confondre avec les importateurs et autres assembleurs, dont la principale caractéristique est un écran reposant sur la technologie E-Ink.
Un seul type d’ouvrage, par son poids économique ou sa diffusion est disponible : le livre numérisé. Textes et images, parfois, sont lisibles via un écran dont la taille fluctue aux grés des stratégies commerciales.
Le fond, c’est à dire l’œuvre ne change pas de propriétés. Volumen, codex, incunables, livres de poche ou numérisés, rien n’a vraiment bouleversé l’écriture. La lecture c’est évidemment autre chose, ne serait-ce que par l’augmentation du nombre de lecteurs. Mais pour un auteur l’objet livre reste une prison. Un paradoxe quand l’écriture est un domaine de liberté absolue ou presque. Ces dernières années des expériences intéressantes mais modestes ont été tentées, qui un CD, qui un pop-up, qui un code barre, pour repousser les barrières du papier.
Sony en baptisant son livre électronique « Reader » et non player par exemple, montre, sans le savoir, les limites imparties à l’objet.
J’ai tenté dans le « Manifeste pour une écriture hypermédia », en m’appuyant sur Léonard De Vinci, de montrer comment un technologue, le maître de la Joconde n’a rien d’un inventeur, souhaitait dépasser la technologie « livresque » de son époque, sans succès. Homme de son temps, il ne pouvait envisager de satisfaire un seul sens, celui de la vue (le toucher est de l’affect du lecteur ou de l’aveugle. J’aime toucher les pages de mon livre, ahaah. Moi j’aime toucher les sculptures, et pourtant l’interdit ne m’empêche pas d’apprécier au plus haut degré la Piéta. C’est des conneries).Le rêve de Léonard est réalisé depuis longtemps. Passons à autre chose soyons nous aussi de notre temps.
Aujourd’hui nos idées et nos cultures sont portées par différents médium (papier, écrans, ondes, toiles etc.…). Elles peuvent se croiser mais difficilement fusionner. Si les phrases de Ben sur toile me contredisent en partie, le cinéma et l’opéra ignorent l’écrit, pourtant à l’origine de leur naissance.
Et la querelle du Paragone de n’être pas morte ! Un médium peut s’avérer plus performant pour véhiculer un message, une œuvre pourtant créés à l’origine pour un autre. Exemple triviaux: l’interview de Thierry Baccino au sujet des performances de l’encre électronique. Sur les ondes celle-ci est percutante et lisse sur le papier. Idem pour l’opus de Carrière et Eco, N’espérez pas vous…. Le livre n’est pas le meilleur support pour ce type d’exercice. Un documentaire, un audio livre voir un e-codex auraient mieux fait l’affaire. Ils se sont retrouver prisonniers de leur support, c’est un peu con.
Pour faire voler en éclat ces cloisons qui nous emprisonnent, pour mettre un bémol, si ce n’est un terme, au Paragone, nous pouvons compter sur un nouveau matériau : le numérique.
Celui-ci est susceptible de satisfaire « nos sens culturels » principaux, à savoir : la vue et l’ouï (le toucher, encore lui, le goût (il pose problème si l’on se réfère à la cuisine, aux vins) et l’odorat sont en l’occurrence moins porteurs de culture…).
Nous connaissons tous des créatifs capables d’embrasser plusieurs disciplines avec talent, Cocteau et Pasolini par exemple. Stylos, pinceaux, caméras sont au service de leur création artistique. Et si deux mains ne suffisent pas, quatre, six, huit ou plus peuvent être mise à contribution pour explorer une nouvelle « écriture ».
Notre cerveau programmé pour tel ou tel discipline par notre système éducatif, n’est pas cloisonné heureusement. S’échappe qui veut, mais pour se heurter aux contraintes technologiques et pécuniaires. L’ingénieur, Gutenberg (inventeur d’une forme appauvrie du codex, de l’enluminure) et le financier, ses investisseurs, n’ont pas à rougir de leurs successeurs. Pour exemple un livre de poche de moins en moins lisible, une PSP, un support moderne, très sophistiqué, aux cloisons étanches comme celle d’un sous-marin ;-( .
Seulement HTTP est passé par là avec ses types MIME. MP3 ou 4, JPEG ou MPEG etc….PDF et Flash, Page ou Epub tout concourent vers une convergence des médias sur un médium. Nous avons tous lu sur le Web un article enrichi d’une ou plusieurs séquences multimédia (images, commentaires ou musiques). C’est presque banal. Et en l’état le livre électronique ne sait pas supporter ce type d’article et encore moins un livre numérique, composé de et réalisé par toutes les techniques numériques. L’auteur cherchera alors un autre support.
La musique est riche d’enseignement à ce propos. La seule diffusion personnel d’un morceau enregistré ne suffit plus. Pour le promouvoir on fait appel à l’image, celle du clip (MP3+MP4 par exemple), du scopitone et les spectacles pour un petit nombre de se transformer en machine à cash via la vidéo et le DVD dont le tourne disque ou le gramophone ont fait les frais. Suivez l’argent, ce maître du monde (Carmina Burana).
La presse est un autre modèle. Vecteur en puissance de mutation, elle couche depuis des lustres avec le livre, qui pour un feuilleton, des bonnes pages, des éditions tirées à part. Et le NYT montre la voie depuis quelques mois déjà. Le journaliste web flirte avec le richmedia de plus en plus. Amputé son article de cette richesse il restera sur le Web ou ira voir autre part. Le NYT sur le Reader ou l’Irex n’est qu’un succédané du papier ou du Web. Une misère.
Si mon raisonnement culturel et économique (les chiffres manquent c’est sûr) ne tient pas la route, si les auteurs s’avèrent incapables d’explorer de nouvelles voies nous pouvons sans difficulté nous retourner vers la fonction. L’ouvrage fonctionnel se nourrira d’hypermédia par essence. Au premier rang le guide (il existe une version de mes guides où vidéos, musiques, voix off et interviews sont encapsulés avec le texte. Le commentaire (MP3), par exemple, de Daniel Arasse sur la perspective avec en fond le texte fondateur d’Alberti est une rencontre très intéressante, unique), viennent ensuite les méthodes d’apprentissage de langues, les livres de cuisine avec en parangon le Cook, les biographies dont le sujet un artiste (musicien, cinéaste ou peintre) se trouve aujourd’hui coupé de son œuvre, les livres techniques, médicaux etc...
Et je vois mal alors le marché proposé des lecteurs dédié au couple texte/image, notre livre numérisé, et d’autres pour le livre numérique. Qui peut le plus peut le moins, et s’appuyant sur l’effet d’échelle fait disparaître le plus faible.
Si E-ink pense sauvegarder sa position hégémonique seulement en proposant la couleur pour 2011. Elle se trompe. Si les assembleurs se focalisent sur le texte uniquement, ils seront à l’image des fabricants de téléphone pris de court par un concurrent plus malin, moins borné ou d’une autre culture.
Le livre numérique est la mort du livre électronique.
Un seul type d’ouvrage, par son poids économique ou sa diffusion est disponible : le livre numérisé. Textes et images, parfois, sont lisibles via un écran dont la taille fluctue aux grés des stratégies commerciales.
Le fond, c’est à dire l’œuvre ne change pas de propriétés. Volumen, codex, incunables, livres de poche ou numérisés, rien n’a vraiment bouleversé l’écriture. La lecture c’est évidemment autre chose, ne serait-ce que par l’augmentation du nombre de lecteurs. Mais pour un auteur l’objet livre reste une prison. Un paradoxe quand l’écriture est un domaine de liberté absolue ou presque. Ces dernières années des expériences intéressantes mais modestes ont été tentées, qui un CD, qui un pop-up, qui un code barre, pour repousser les barrières du papier.
Sony en baptisant son livre électronique « Reader » et non player par exemple, montre, sans le savoir, les limites imparties à l’objet.
J’ai tenté dans le « Manifeste pour une écriture hypermédia », en m’appuyant sur Léonard De Vinci, de montrer comment un technologue, le maître de la Joconde n’a rien d’un inventeur, souhaitait dépasser la technologie « livresque » de son époque, sans succès. Homme de son temps, il ne pouvait envisager de satisfaire un seul sens, celui de la vue (le toucher est de l’affect du lecteur ou de l’aveugle. J’aime toucher les pages de mon livre, ahaah. Moi j’aime toucher les sculptures, et pourtant l’interdit ne m’empêche pas d’apprécier au plus haut degré la Piéta. C’est des conneries).Le rêve de Léonard est réalisé depuis longtemps. Passons à autre chose soyons nous aussi de notre temps.
Aujourd’hui nos idées et nos cultures sont portées par différents médium (papier, écrans, ondes, toiles etc.…). Elles peuvent se croiser mais difficilement fusionner. Si les phrases de Ben sur toile me contredisent en partie, le cinéma et l’opéra ignorent l’écrit, pourtant à l’origine de leur naissance.
Et la querelle du Paragone de n’être pas morte ! Un médium peut s’avérer plus performant pour véhiculer un message, une œuvre pourtant créés à l’origine pour un autre. Exemple triviaux: l’interview de Thierry Baccino au sujet des performances de l’encre électronique. Sur les ondes celle-ci est percutante et lisse sur le papier. Idem pour l’opus de Carrière et Eco, N’espérez pas vous…. Le livre n’est pas le meilleur support pour ce type d’exercice. Un documentaire, un audio livre voir un e-codex auraient mieux fait l’affaire. Ils se sont retrouver prisonniers de leur support, c’est un peu con.
Pour faire voler en éclat ces cloisons qui nous emprisonnent, pour mettre un bémol, si ce n’est un terme, au Paragone, nous pouvons compter sur un nouveau matériau : le numérique.
Celui-ci est susceptible de satisfaire « nos sens culturels » principaux, à savoir : la vue et l’ouï (le toucher, encore lui, le goût (il pose problème si l’on se réfère à la cuisine, aux vins) et l’odorat sont en l’occurrence moins porteurs de culture…).
Nous connaissons tous des créatifs capables d’embrasser plusieurs disciplines avec talent, Cocteau et Pasolini par exemple. Stylos, pinceaux, caméras sont au service de leur création artistique. Et si deux mains ne suffisent pas, quatre, six, huit ou plus peuvent être mise à contribution pour explorer une nouvelle « écriture ».
Notre cerveau programmé pour tel ou tel discipline par notre système éducatif, n’est pas cloisonné heureusement. S’échappe qui veut, mais pour se heurter aux contraintes technologiques et pécuniaires. L’ingénieur, Gutenberg (inventeur d’une forme appauvrie du codex, de l’enluminure) et le financier, ses investisseurs, n’ont pas à rougir de leurs successeurs. Pour exemple un livre de poche de moins en moins lisible, une PSP, un support moderne, très sophistiqué, aux cloisons étanches comme celle d’un sous-marin ;-( .
Seulement HTTP est passé par là avec ses types MIME. MP3 ou 4, JPEG ou MPEG etc….PDF et Flash, Page ou Epub tout concourent vers une convergence des médias sur un médium. Nous avons tous lu sur le Web un article enrichi d’une ou plusieurs séquences multimédia (images, commentaires ou musiques). C’est presque banal. Et en l’état le livre électronique ne sait pas supporter ce type d’article et encore moins un livre numérique, composé de et réalisé par toutes les techniques numériques. L’auteur cherchera alors un autre support.
La musique est riche d’enseignement à ce propos. La seule diffusion personnel d’un morceau enregistré ne suffit plus. Pour le promouvoir on fait appel à l’image, celle du clip (MP3+MP4 par exemple), du scopitone et les spectacles pour un petit nombre de se transformer en machine à cash via la vidéo et le DVD dont le tourne disque ou le gramophone ont fait les frais. Suivez l’argent, ce maître du monde (Carmina Burana).
La presse est un autre modèle. Vecteur en puissance de mutation, elle couche depuis des lustres avec le livre, qui pour un feuilleton, des bonnes pages, des éditions tirées à part. Et le NYT montre la voie depuis quelques mois déjà. Le journaliste web flirte avec le richmedia de plus en plus. Amputé son article de cette richesse il restera sur le Web ou ira voir autre part. Le NYT sur le Reader ou l’Irex n’est qu’un succédané du papier ou du Web. Une misère.
Si mon raisonnement culturel et économique (les chiffres manquent c’est sûr) ne tient pas la route, si les auteurs s’avèrent incapables d’explorer de nouvelles voies nous pouvons sans difficulté nous retourner vers la fonction. L’ouvrage fonctionnel se nourrira d’hypermédia par essence. Au premier rang le guide (il existe une version de mes guides où vidéos, musiques, voix off et interviews sont encapsulés avec le texte. Le commentaire (MP3), par exemple, de Daniel Arasse sur la perspective avec en fond le texte fondateur d’Alberti est une rencontre très intéressante, unique), viennent ensuite les méthodes d’apprentissage de langues, les livres de cuisine avec en parangon le Cook, les biographies dont le sujet un artiste (musicien, cinéaste ou peintre) se trouve aujourd’hui coupé de son œuvre, les livres techniques, médicaux etc...
Et je vois mal alors le marché proposé des lecteurs dédié au couple texte/image, notre livre numérisé, et d’autres pour le livre numérique. Qui peut le plus peut le moins, et s’appuyant sur l’effet d’échelle fait disparaître le plus faible.
Si E-ink pense sauvegarder sa position hégémonique seulement en proposant la couleur pour 2011. Elle se trompe. Si les assembleurs se focalisent sur le texte uniquement, ils seront à l’image des fabricants de téléphone pris de court par un concurrent plus malin, moins borné ou d’une autre culture.
Le livre numérique est la mort du livre électronique.
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