Où l'on parle de l'écriture


Un article du Guardian où l'on parle de l'écriture pour éloigner le spectre (à définir)  que font planer les Kindle et autres Nook sur l'édition, en général. Pour mon propos pas la peine d'aller jusqu'au bout de la démonstration. Un moment, elle se prend longuement dans les fils de la toile pour une conclusion dont je ne partage pas toutes les hypothèses.

Attardons-nous si vous le voulez bien sur cette phrase dévoilant une relation physique d'un auteur avec sa machine à écrire, avec son texte : "I need the sound of the keys, the keys of a manual typewriter. The hammers striking the page. I like to see the words, the sentences, as they take shape. It's an aesthetic issue: when I work I have a sculptor's sense of the shape of the words I'm making" une fusion semblable, mais non identique,  souvent exprimée par les lecteurs avec les livres. Pour une fusion identique il faut imaginer le processus inverse, tel les télextes d'hier. Barbant. Pour une fois on s'intéresse au procéssus d'écriture, mais partialement et c'est dommage. L'ouvrage  numérique n'empêche pas l'auteur d'utiliser sa machine, ou son stylo pour créer une oeuvre c'est son problème. Il peut même exiger sur le premier écran E-Ink de  son roman la mention : " écrit avec une Remington 1921". D'autres se chargeront des "basses besognes", c'est bon pour l'emploi.
Cet été à Carrare je regardais des sculpteurs travailler avec un outil pneumatique, Michel-Ange en aurait fait autant, j'en suis sûr. Il aurait adopté la scie à diamant et  le camion, la grue et les câbles d'acier, abandonné les boeufs et les cordes de chanvre. Pourquoi ? Pour aller plus vite et terminer des chantiers qui lui tenait à coeur. Pour épargner la vie des carriers écrasés par les blocs de marbre, il s'en est fallu d'un rien pour lui-même. La nature de ses oeuvres en aurait-elle été altérée ? Peut-être mais on ne le saura jamais. Seulement une chose est sûre quand il travaillait sur telle ou telle sculpture il savait déjà où elle prendrait place et avec quelle lumière. Hors quand une statue est déplacée, je pense aux Esclaves du Louvre, on altère l'oeuvre et pourtant personne ne s'en offusque (quelques uns à peine le regrette).Idem pour notre écrivain, s' il ne se pose pas aujourd'hui la question du support, son esprit intègre depuis longtemps le format livre, demain il devra, c'est effectivement une ombre sur l'écran, un élément du spectre, tenir compte de, des écrans. Il doit intervenir, se réapproprier le contenu (billet d'hier), le fond, mais aussi la forme. Il pourra pour des raisons de rendu, de rythme de lecture, de qualité, refuser de voir son travail porté sur un support électronique c'est légitime. A contrario s'il accepte il doit y réfléchir dès la conception, car il peut y avoir altération de l'oeuvre. C'est facile à concevoir pour un livre avec images et tableaux, c'est plus complexe pour un essai ou un roman, mais il y a menace.

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