N'espérez pas vous débarrassez des livres #2 et fin

Ensuite vient le long passage sur l’imbécillité, la stupidité, la crétinerie. On est, je suis, plutôt mal à l’aise. La connerie étant la chose la mieux partagée en ce monde, j’ai ma dose, j’en suis conscient et je m’en accommode. Excepté quand, lisant, je me sens proche de tous les crétins de la terre décrits au fil des pages. Pour un peu ils pouvaient ajouter à la liste des imbéciles ceux qui se penchant sur les grands de l’espèce humaine pensent s’en approcher mais s’en éloignent en fait. Mézigue en quelque sorte ;-)

Revenons à notre grille de lecture et la vanity press décortiquée par Eco. Cette pratique, existe-t-elle en France ? Je n’en sais rien mais elle nous permet d’aborder la publication à compte d’auteur. Vanité de l’écrivain impubliable, vanité et cupidité d’un éditeur dont la motivation se résume à l’argent. C’est le Corbeau et le Renard. Une chose est sûre, quoique, l’entourloupe sur le Net ou livrel sera plus difficile à mettre en œuvre. Nos auteurs n’y ont pas pensé. Pourtant Carrière a publié à compte d’auteur, pourtant il essuie des refus, mais la possibilité offerte par le numérique et le Net, à double titre, ne les a pas effleurés. Pourtant ils évoquent souvent avec amertume cet auteur inconnu et son chef-d’œuvre lu par son seul créateur, ou ceux cités par Aristote dans la Poétique dont le travail est perdu. Pourtant le Net n’est pas absent de leur débat, mais la problématique de l’auto-édition leur passe au-dessus de la tête.

Scribd possède peut-être la prose d’un « corbelet », perle de notre siècle commençant. A l’abri du renard notre technologie portera-t-elle l’œuvre à la notoriété, puis à l’immortalité ? C’est possible, il faut pour cela une mobilisation du lectorat. Ecrit après écrit, strate par strate, le chef-d’œuvre en devenir nourrit une littérature, une critique et une réflexion. Rien d’insurmontable pour le Net, mais l’outil existe-il ? Il est peut-être à imaginer.

Une chose est sûre, sans vanité pas d’écrivain. Normal, l’immatérialité de l’œuvre et la force qui nous pousse à être lu sont logées à la même enseigne : notre crâne.

Page 297 la question qui tue : « qu’est-ce qu’un livre ? » Suivent 2 ou 3 pages assez brillantes, il faut donc les lire, et une définition de U.E qui m’amuse beaucoup : « Si vous avez un obélisque sur lequel plusieurs signes racontent l’histoire de l’Egypte, vous détenez quelque chose qui ressemble à un livre. » Je suis à fond derrière vous Umberto, j’en ai marre de tous ces cons attachant tant d’importance au support qu’ils en négligent les signes, le contenu. Le toucher, l’odeur, le bruit, la vue, la reliure, la matérialité, des conneries.

Pour conclure. Ouvrage à lire ? Non !

A écouter oui ! L’impromptu n’est pas dialogue. L’audio livre serait plus approprié à mon sens, à mon ouïe (après la page 153 j’ai laissé tomber Schubert ;-) pour ce type d'exercice. 

Je vais maintenant attaquer le Vertige de la liste.

Commentaires

Anonyme a dit…
C'est très drôle de terminer votre réflexion sur le fait que le média le plus adapté à leurs réflexions est le son : comme s'ils se sabordaient eux-mêmes ! Comme quoi, rien ne sert d'être péremptoire et étroit d'esprit, ce qui est vrai et valable à 1 instant T pour une situation S, ne le sera pas à une autre occasion. Qu'ils se rassurent : le livre ne mourra pas, à condition d'entendre par livre "œuvre de l'esprit transcrite" (quelque soit le support). L'homme aura toujours besoin (et la vanité) de mettre par écrit ses pensées (l'écriture est plus propice à l'introspection que la parole, à mon sens). Et l'écriture est le média le plus facile et le plus immédiat pour partager ses impressions.

Bref, ils ne font pas avancer le schmilblick visiblement.

Mais bien sûr tout cela n'est que le point de vue d'une imbécile ;-))

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