Je reprends sans leur permission un texte rédigé par Alain Pierrot / Jean Sarzana envoyé à RV Bienvault pour diffusion. N'étant plus le bienvenu sur le blog de ce dernier et je le comprends, je "vole" ce passage pour le commenter, mais avant mettons nous sous l'aile protectrice de  Dante pour pardonner aux uns et aux autres nos erreurs, nos inepties :
"Mais quiconque évalue le poids du thème
et l'épaule mortelle qui le porte
ne la blâmera pas si elle tremble"

 

"B. Un livre est dit « numérique » lorsque l'ensemble qu'il constitue est originellement réalisé sous la forme de fichiers informatiques par un ou plusieurs auteurs dont il exprime le discours construit sous une forme achevée avec le concours d’un ou de plusieurs éditeurs (2). Appelé à une large diffusion par la voie exclusive d'Internet, il ne peut être lu que sur un écran, qu’il soit fixe ou mobile (3). Lorsqu’une oeuvre numérique fait en totalité l’objet d’un téléchargement sur un support papier, cette opération lui confère sous forme dérivée les caractères essentiels d’un livre (4).

>> Un auteur ne pourrait plus alors utiliser un stylo, un crayon pour créer. Ce n'est pas sérieux la création n'a rien à voir avec la construction ;-)

>> "Diffusion par voie exclusive du net". Plus de réseau cellulaire (Amazon) ?Cette exclusive est inepte, comme toute les exclusives et celle qui suit va ravir les aveugles :" il ne peut être que lu sur un écran" . Ben voyons !


(1) Lorsque le livre naît de la mise en forme numérique d’un ouvrage originellement réalisés sous la forme imprimée, il ne s’agit pas d’un livre numérique, mais d’un livre numérisé [11]. La différence est manifeste, dans la mesure où le premier a une origine et une forme exclusivement informatiques, alors que le second doit son existence aux antécédents papier dont il procède.

(2) Les deux caractères constitutifs du discours – construit et achevé - étaient implicitement réunis dans le livre, à la fois objet physique et œuvre de l’esprit. L'approche numérique met à jour cette dualité originelle du codex imprimé. Or il faut bien la reconstituer autrement qu’à travers l’imprimé, afin qu’un lien subsiste dans l’immatériel entre le tout et les parties.

>> Un fichier n'est en rien immatériel (mais bon je chipotte), seule la phase créative, imaginative l'est.

Pour être numérique, l’ouvrage se doit d’échapper aux techniques autres qu’informatiques. Il ne peut être réalisé, publié, exploité et transmis que sous la forme immatérielle d'un fichier. A défaut d’une édition première intégralement numérique, l'ouvrage ne peut plus mériter ce qualificatif.

>> La réalisation ne peut qualifier un ouvrage, c'est la conception, l'esprit, qui s'arroge ce droit. Je conçois numérique ou pas. Nous sommes encore dans ce prisme, il me semble, de la lecture. Il faut penser "écriture". 

L’intervention d’auteurs multiples sur ou dans une même œuvre est un des nouveaux aspects de la création numérique, qui échappe aux paradigmes de la littérature générale. De même, l’œuvre numérique invite à la conjonction de deux types d’intervention éditoriale, l'une sur le ou les textes constitutifs de l'oeuvre, l'autre sur la création entre eux d’un réseau d’hyperliens qu'on peut au-delà d'une certaine masse critique considérer comme une base de données.

>> les bras m'en tombent. La Bible ne serait écrite que par une personne? Bon c'est une compilation, pas un livre ?
Alors exit les ouvrages collectifs, les pièces écrites à plusieurs mains, ils n'existaient pas avant ? La formule est malheureuse.


(3) Un ouvrage numérique ne peut être diffusé en tant que tel que via un réseau de même nature, et ce à titre exclusif, sauf à perdre sa nature pour en prendre une autre : celle de cédérom s’il fait l’objet d’une gravure, ou de livre s’il est téléchargé à partir d’une imprimante. Il ne peut donc faire l’objet que d’une représentation, toute reproduction lui imposant un changement de support et lui faisant ainsi perdre son caractère originel. 

>> Eh bien si par hasard je sauvegarde le fichier sur un disque, une carte mémoire, il perd son caractère originel ? Ca tient pas debout.


Par voie de conséquence, une œuvre numérique ne peut être lue que sur un écran, quel que soit cet écran, fixe (ordinateur) ou mobile (téléphone, assistant personnel,…)

(4) Lorsque l’oeuvre numérique adopte par téléchargement la forme imprimée, celle-ci appartient ipso facto au champ du livre, sous sa forme de codex (impression à la demande). Le livre apparaît dans ce cas de figure comme un produit directement issu de l’oeuvre numérique. On est donc à front renversé par rapport aux conditions classiques d’exploitation du livre pratiquées jusqu’ici.

C. Le livre numérique se distingue d'autres espaces interactifs en constante évolution et ouverts à tout intervenant extérieur:

- le blog est sans doute la forme la plus répandue de ces ensembles numériques, dont les participants ne sauraient être reconnus comme les co-auteurs de l'ensemble, pour autant qu'il reste ouvert. Si un blog fait l'objet d'une édition, fixant billets et commentaires d'une période donnée, les échanges de cette période peuvent acquérir le caractère d'œuvre achevée -et ses participants celui d'auteurs d’une œuvre collective– voire prendre la forme familière d’un livre imprimé [12].

- certains espaces numériques collectifs du type Wiki (Wikipédia, Wikisource,…), se présentent comme une maquette permanente, une sorte de périodique en écriture continue. A la différence du blog, chaque contribution vient amender l'ensemble sans pour autant prétendre lui donner sa forme achevée.

- il existe bien entendu beaucoup d’autres formules intermédiaires, notamment des espaces partie figés, partie ouverts, où peuvent s’incrémenter les apports des internautes [13].

La multiplication de ces initiatives montre que si les contenus nourrissent, les formats structurent. Il faut admettre que ces espaces, sous l’infinité de leurs formes, se prêtent mal à une définition générique et relèvent plutôt de la simple description, tout au moins au stade où nous en sommes.

>> Je ne comprends pas tout, pourquoi un blog à un instant T ne deviendrait pas un livre numérique? C'est à creuser.


On s’est accoutumé depuis longtemps à la double nature du livre, objet matériel et œuvre incorporelle, sans éprouver dans la sémantique ou la pratique éditoriale le besoin de les distinguer. Le développement de la numérisation et les nouvelles perspectives d’exploitation qu’elle offre aux œuvres de l’esprit conduisent naturellement à revenir sur cette ambivalence et, à travers elle, à retrouver les analyses de ceux qui ont fondé l’économie de l’édition. C’est ce souci qui a guidé notre démarche.

>> Oui bien que Chartier se soit attacher à le faire, la démarche, maladroite à mon avis, est intéressante. Il faut un début, vous vous êtes lancés bravo.


Celle-ci est loin d’être achevée: outre qu’elle peut être amendée et affinée, reste à préciser la portée juridique des notions qu’elle s’est efforcée de cerner.
  Alain Pierrot / Jean Sarzana (mars-avril 2009)

Commentaires

Anonyme a dit…
J'avais déjà lu dans le n°798 de Livres Hebdo du 20 novembre 2009. Mais tout ça me semble très confus. Au lieu de répondre à des questions simples, ils posent encore plus de questions et sans intérêt (de mon point de vue) et des contresens. Le grand public peut encore attendre une explication claire du livre numérique en tant que "création" spécifique. IS
@IS:Eh bien votre commentaire à le mérite d'être clair. Je partage un peu votre avis, mais étant au fait du sujet j'ai décrypté, comme spécialiste de Léonard c'est le moins que je puisse faire;-.
Expliquer ou faire un livre numérique ? Le grand public se fout peut-être d'une théorie fumeuse ?
Anonyme a dit…
Vos commentaires étaient intéressants, je ne remets pas ça en cause. Mais il faut de la clarté, de la facilité, de l'accessibilité. Or ces réflexions fumistes vont certainement avoir avoir l'effet pervers de détourner le grand public du livre numérique (si jamais il s'était déjà tourné vers lui). Pas très optimiste, désolée ; réaliste, assurée. IS
Je suis en phase de relecture d'un essai sur l'édition numérique, qui pourra écrire autre chose que des banalité car publié de manière totalement indépendante (je suis le créateur de http://www.auto-edition.com )Mais avez-vous déjà lu les propos du SNE sur l'ebook ? C'est affligeant mais pas surprenant.
Stéphane

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